J’entends beaucoup de parents s’interroger sur le “unschooling” et s’inquiéter de la réaction de leur entourage. Comme si ce mode d’éducation était un peu honteux ou nécessitait d’être caché pour éviter de risquer l’accusation de maltraitance ou de négligence. Ça vient du fait que nous avons cette mauvaise habitude de nous comparer, et même de comparer l’incomparable ! J’aimerais cependant mettre l’accent sur certains points importants : les apprentissages libres (comme je préfère les appeler) ne sont absolument pas comparables à l’école.
L’école est une forme d’instruction largement répandue et le “unschooling” en est une autre beaucoup moins habituelle. Elle n’en est cependant pas moins un choix réfléchi et pertinent.
Bien que je sois diplômée d’un master de pédagogie et que j’étudie les mécanismes cognitifs d’apprentissage au travers de la neuropsychologie et de la psychologie du développement, je reste musicienne et mon domaine d’expertise est dans l’enseignement de la musique. C’est d’ailleurs de cette compétence qu’est né mon intérêt pour un enseignement différent. Je travaille actuellement sur une approche qui remet totalement en question la pédagogie de la musique. Évidemment, je me suis interrogée sur l’école et son fonctionnement actuel. Les apprentissages libres se sont finalement présentés comme une évidence .
J’ai 3 enfants, pas une classe et je les connais par cœur, et sans aucun mérite puisque je passe 24h/24 avec elles et que je les ai mises au monde. Je peux adapter les horaires et laisser libre cours à leurs envies même si celles-ci sont différentes.
Arrive alors la rengaine du social, du respect des règles et du bon vivre en société. Mes filles ont bel et bien des amis ! Oui oui ! Et pas seulement parmi les enfants non scolarisés, et pas seulement des enfants d’ailleurs ! Elles les ont rencontrés durant des voyages, des activités sportives, dans le voisinage…
Elles ont une merveilleuse facilité à aller vers les gens et faire connaissance.
Elles ne sont pas isolées dans la maison en dehors de toute pensée extérieure à la nôtre. Elles sont au contraire ouvertes sur le monde et nous discutons beaucoup de ce qui nous entoure et des sujets d’actualité. La planète, la pandémie, les guerres, les croyances… on impose pas un mode de pensée nous les encourageons à donner leur opinion et donnons à notre tour la nôtre. Il arrive qu’on ne soit pas en accord et on en discute pour apprendre à écouter et savoir se remettre en questions. Et ce n'est pas toujours les enfants qui revoient leur jugement.
Ça n’est pas s’asseoir à une table et apprendre des mots ou des multiplications par cœur, c’est entreprendre un projet ou une aventure et chercher à comprendre. Les enfants sont alors confrontés à des multiplications par exemple et apprennent leur fonctionnement puis avec le jeu, les différentes activités qui se présentent, à force de les rencontrer, ça devient acquis.
Les apprentissages libres produisent des enfants curieux et enthousiastes. Ils n’apprennent pas pour apprendre, ni pour la performance, ils apprennent par envie et curiosité ! C’est amusant de constater qu’entre enfants non scolarisés, ils aiment partager leurs connaissances. « Tu savais que ? Si tu veux je t’apprendrais ça et toi tu pourras m’apprendre ça ! ». Parce que leur but n’est pas de montrer leur valeur mais d’échanger pour en apprendre encore davantage.
Le fait de ne pas côtoyer un milieu scolaire ne les prive pas de conscience du travail en équipe ou de règles de bienséance.
Elles développent et assument leurs opinions, écoutent et sont curieuses, les poussant parfois à relever des défis et à se dépasser. Elles n’ont pas de limites et apprennent de tout et dans toutes les situations. Le but n’est pas d’apprendre mais d’avancer, de découvrir. Il me semble que c’est un profil idéal pour s’investir pleinement dans un métier, non ?
Pour finir, vous allez trouver ça assez ironique de constater que notre choix d’apprentissages libres est inspiré d’une école ! Et oui, l’école finlandaise. Un pays qui a fait une vraie réforme de l’enseignement et su mettre à profit les compétences de leurs enseignants. Lorsque l’enfant est la plus grande préoccupation au-delà de la performance, du rang social et de la hiérarchie, on obtient une société plus ouverte et des enfants heureux. Les enfants sont libres et contrairement aux idées reçues ils n’en font pas moins mais volontairement beaucoup plus !
Nous ne sommes pas anti-conformistes, anti-système, rebelles, baba cool ou whatever.
J’ai beaucoup de respect pour la profession d’enseignante étant moi-même passionnée d’enseignement, mais je regrette que notre gouvernement (québécois mais également français) ne soit pas capable de remettre leur fonctionnement en question. C’est particulièrement triste de devoir nous soumettre à une réglementation en opposition totale avec notre choix.
Je suis fière de pratiquer le unschooling (bien que ce terme ne me plaise pas tant…) et de pouvoir offrir cette « école-là » à mes filles.
Pour lire le billet dans son intégralité: Unschooling ou l’instruction mal aimée…
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