Je suis une orthopédagogue soutenant les familles qui font l’école à la maison et nouvellement « maman COVID ». Comme bien des gens, je me suis dit : « Yé! L’école à la maison, je vais enfin essayer pour moi-même. » Mais je suis rapidement tombée de mon nuage. Ce printemps, je n’ai pas fait « l’école à la maison », mais bien « l’école DANS la maison ». Pour moi, il y a une grosse différence!
Afin de faire un choix éclairé pour l’automne, j’ai dressé une liste de mes observations et des différences qu’il y a entre « l’école à la maison » et « l’école dans la maison ou en ligne », telle que nous l’avons connue durant le confinement. Certaines observations sont des avantages pour l’une ou l’autre des méthodes, alors que d’autres apportent un lot de réflexions intéressantes.
Maintenant, à vous de vous faire votre propre idée!
* Pour simplifier l’article, j’utiliserai l’abréviation EAD (éducation à domicile) et COVID (école dans la maison).
Premièrement, la COVID ne me permettait pas une grande liberté au niveau de l’horaire. Les enseignants envoyaient un plan de travail pour la semaine et planifiaient des heures de rencontres virtuelles. Avec 4 enfants scolarisés, vous imaginez combien cela était difficile de tout orchestrer sans rien oublier ou manquer. J’enviais la liberté d’enseignement de l’EAD : choisir mon horaire, l’ordre des matières, la façon de travailler, etc.
En revanche, tout était prêt! Le plan de travail, les matières à voir, les pages à compléter, les capsules informatiques à écouter et j’en passe. Je n’avais qu’à ouvrir ma messagerie électronique pour avoir une multitude de notions expliquées et de documents à imprimer, ce qui n’est pas le cas avec l’EAD. Aucun programme francophone ne permet de tout trouver « sans lever le petit doigt ». L’EAD exige une planification personnelle des notions à voir, un agencement des divers niveaux scolaires et, surtout, du temps de recherche afin de trouver du matériel de qualité et à notre goût.
Bien que c’était exceptionnel, la COVID n’exigeait pas d’évaluations. Dans le cadre de l’EAD, des évaluations ou un portfolio sont demandés afin de témoigner de la progression des apprentissages de l’enfant. C’est une grosse étape que de trouver un format de portfolio et le monter, ou encore un enseignant qualifié qui convienne autant à la famille qu’à la Direction de l’enseignement à la maison (DEM).
Des services? Ben voyons! Je pense sincèrement que, dans un cas comme dans l’autre, le concept de services est très ambigu. Durant la COVID, certaines familles ont eu droit à la poursuite de leurs services, alors que d’autres ont été complètement délaissées. Je dirais que dans les deux cas, plus on se débrouille soi-même à trouver des services, plus on en a. Rien ne tombe du ciel!
Parlons technologie. Bien que promis par le gouvernement, les équipements informatiques fournis durant la COVID étaient limités. Beaucoup de familles se sont senties obligées de faire l’achat de matériel pour permettre à l’ensemble de la famille de travailler convenablement.
Lorsque l’on fait l’EAD, les choix technologiques restent de notre ressort, mais l’achat n’est pas plus simple : ordinateur, tablette, Chromebook, programmes informatiques... Les capsules vidéo ne se trouvent pas toujours facilement, et tout a un coût!
En revanche, avec l’EAD, le temps passé devant les écrans reste au choix de la famille. Certaines familles encouragent les technologies, d’autres moins. Durant la COVID, obliger les enfants à s’asseoir et à travailler à heure et pendant des temps fixes sur l’ordinateur était très oppressant chez moi. Plus il y a de temps d’écran, plus il y a de l’électricité dans l’air et des chamailles.
Ouf! La COVID a permis de beaux rapprochements familiaux jusqu’à ce que l’école reprenne le contrôle. Lors d’une rencontre en ligne, le bruit doit être minimisé, les frères et sœurs doivent être hors de vue, les parents ne doivent pas se mêler de l’éducation. Plus on tente de faire le silence, plus le bruit devient difficile à gérer. Il y a toujours un moment où un enfant passe derrière l’écran faire une petite mimique. Le temps devient pression. Allumer l’ordinateur à l’heure, se présenter en ligne bien habillé, avoir une place pour travailler (bureau, etc.), faire la sourde oreille si le petit frère décide de faire une chicane. Obliger l’enfant!
EAD! Bonheur! Dans la plupart des familles, le travail et les échanges sont encouragés, et l’entraide est priorisée. La flexibilité de l’horaire rend la journée plus douce.
Pour septembre, plusieurs familles songent à faire l’éducation à la maison. Je les comprends et je les encourage sans hésitation. MAIS avant de vous lancer, réfléchissez bien à l’aventure dans laquelle vous vous embarquez, parce que l’EAD n’est pas seulement l’éducation à domicile, mais bien un choix de vie!
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leurs auteurs et ne sauraient refléter la position de l'AQED.